29 septembre 2009

Iron Maiden - L'épopée des Killers de Mick Wall


AVERTISSEMENT: Vous pouvez lire une version de cet article moins encombrée de digressions, considérations personnelles et autres recettes de cuisine sur Rana Toad . Il y est en outre fusionné avec un autre ouvrage à propos du groupe:
http://ranatoad.blogspot.com/2009/09/eddie-are-you-kidding-iron-maiden.html

A la question : quel groupe selon vous définit le heavy metal? Certains diront Black Sabbath d’autres Metallica. D’autres encore Bon Jovi ou Kyo, mais faut-il en vouloir aux plaisantins? Personnellement, et en toute objectivité malgré mon addiction à ce groupe, je pense qu’Iron Maiden serait au moins deuxième au classement, à défaut d’être premier.

Mon premier contact avec Iron Maiden eut lieu lors de la sortie de Fear Of The Dark en 1992. Directement entré à la première place du Multitop sur M6, l’album a bénéficié d’une diffusion régulière du clip de "Be Quick Or Be Dead", hum pas l’idéal pour se débarrasser des idées reçues quand on voit Dickinson hurler et remuer sa tignasse. Je coupais le son à chaque fois en attendant que ça finisse. Mais l’année d’après, lors de la sortie de A Real Live One, c’est "Fear Of The Dark" qui était diffusée, puis quelques mois après c’était au tour de la version de "Hallowed Be Thy Name" sur A Real Dead One. Il suffit de vous dire que ces deux morceaux-là ont été le départ de la découverte musicale la plus importante de mon adolescence.

L’épopée des Killers est ce que l’on peut appeler une biographie officielle et autorisée, Mick Wall étant un proche du groupe. On ne pourra bien sûr jamais évaluer, au mieux, la réserve au pire, la censure et/ou l’auto-censure qu’elle suppose. Elle inclut cependant un enthousiaste avant-propos de Steve Harris, le bassiste-leader. La démarche de Wall fait part de la diversité des points de vue, par le biais d’interventions issues de nombreuses interviews, et crée donc une mosaïque, peut-être imparfaite mais resserrée autour des événements et des personnes qui ont fait avancer le groupe depuis 1975.
Les chapitres suivent la chronologie mais prennent souvent la forme d’une mini-biographie d’un des musiciens ou d’une personne ou personnage lié au groupe : le manager, la mascotte Eddie ou son créateur Derek Riggs. Mick Wall n’oublie pas Martin Birch, dont le CV, déjà impressionnant (In Rock de Deep Purple, c’est déjà beaucoup, non ?) avant Killers, porte la prestigieuse mention : 1981-1992 producteur exclusif d’Iron Maiden. Quel fan ne scrutait pas chaque livret pour voir de quel surnom le groupe ne manquait jamais de l’affubler?
Est-il étonnant de voir les deux premiers chapitres intitulés respectivement "Steve" (Harris) et "Dave" (Murray)? Le bassiste et le guitariste sont en effet les deux seuls membres actuels présents sur les 14 albums. Dave Murray a bien été viré suite à un malheureux malentendu, mais ce fut plutôt bref. C’est Dennis Wilcock, le chanteur qui a précédé Paul Di’Anno, qui a recommandé Dave quand le groupe avait besoin d’un guitariste. C’est sans doute là l’un des premiers pas primordiaux dans l’histoire d’Iron Maiden, tout à fait en concordance avec la perspective annoncée par Mick Wall dans son Introduction.
Une impression, souvent partagée, ressort des interventions orales des protagonistes au fil des pages, celle d’avoir souvent trouvé la bonne personne, d’avoir fait le bon choix pour le groupe. Même quand il s’agissait de se séparer d’un musicien c’était surtout pour ne pas traîner un poids mort et les intéressés ont toujours semblés être compréhensifs et conscients de leurs dérapages. Dennis Stratton, Paul Di’Anno et Clive Burr en sont de parfaits exemples. Même le renvoi, plus controversé, de Blaze Bayley n’était pas sans raisons en défaveur du chanteur et L’épopée des Killers éclaire beaucoup de fans, Steve Harris ayant souhaité garder le silence un certain temps sur cet épisode obscur. Même sur mon petit nuage, je ne pouvais m’empêcher de me poser certaines questions sur ce qui avait amené au double retour de Smith et Dickinson.
Bruce Dickinson, considéré par beaucoup comme l’emblématique chanteur d’Iron Maiden (son retour en 1999 ayant plus que confirmé cet état de fait), y apparaît sans doute comme l’individu le plus complexe de la formation britannique. Diplômé en histoire, écrivain, animateur radio, pilote de ligne et j’en passe, pas étonnant que cet électron libre (le chapitre qui lui est consacré démontre très bien à quel point il a toujours voulu échapper à toute forme d’enfermement) avait déjà envisagé de quitter Maiden dès 1986, lui qui voulait placer des chansons acoustiques sur l’album successeur de Powerslave. Il ne signe aucun titre sur le futuriste Somewhere In Time. Le début d’une carrière solo en 1990 annonçait déjà un peu son départ en 1993 (je n’étais pas encore assez accro pour le regretter), épisode certainement le plus difficile pour Steve Harris, le capitaine du bateau qui n’a jamais renoncé à la moindre avarie. A tel point qu’ « il semblerait […] que seule [sa] mort puisse mettre un terme à cette aventure musicale », citation empruntée à Jean-Philippe Petesch mais qui résume bien ce que tout fan du groupe est susceptible d’avoir cru à chaque changement de line-up.

Machine bien huilée, Iron Maiden est l’un de ces groupes qui n’a jamais splitté et, même si l’écart s’est creusé peu à peu, a continué à sortir régulièrement ses albums sans se fier aux tendances. Le punk ? Quelque chose dont il fallait se démarquer sous peine de disparaître très vite. Et puis Steve Harris adore King Crimson, Genesis et Emerson, Lake and Palmer. Qu’est-ce qu’il y a de plus intemporel que le rock progressif ? Bon d’accord, c’est totalement arbitraire comme jugement. La Nouvelle Vague du Heavy Metal Anglais ? Oui Maiden en faisait partie, ils en étaient même le groupe le plus populaire. Que reste-t-il vraiment, exception notable de Saxon, de cette Nouvelle Vague aujourd’hui ? Def Leppard (j’ai un ami qu’ils ont recalé pour une audition de batteur, soi-disant qu’il, je cite, "jouait comme un manchot")? D’après Steve Harris ce n’était qu’un gimmick de journaliste et, sans pour autant la dénigrer, considérait que son groupe n’avait pas grand-chose à faire là-dedans.
Mick Wall s’attarde sur le rôle qu’a joué et joue encore Rod Smallwood, le manager, créateur de la boîte de management Sanctuary (d’après la chanson, on s’en doutait un peu). Personnage haut en couleur, fabuleux et intraitable négociateur, il est au moins aussi important que Steve Harris. Iron Maiden lui doit bien plus que le gimmick de journaliste déjà évoqué. Un exemple? C’est lui qui a repéré cette affiche de jazz illustrée par un certain Derek Riggs (qui cessera sa collaboration avec Maiden dès 1992), a demandé à le rencontrer et est tombé nez à nez avec cette créature qui allait être nommé Eddie The ’ead.
Mort-vivant omniprésent, figure paradoxale puisqu’elle est indissociable d’Iron Maiden mais aussi porteuse de contresens et d’idées reçues dans l’esprit du grand public vu la violence qu’elle inflige ou qu’elle subit au fil des pochettes et autres T-shirts, Eddie méritait bien aussi un chapitre à lui tout seul (j’aurais bien voulu insérer un lien vers un sketch des Robin des Bois où la Police du Goût découvre un T-shirt d’Iron Maiden caché sous un tapis. Hélas je n’ai pas réussi à trouver la vidéo en question). The Head était l’un des premiers gimmicks des concerts donnés par le groupe. Fixée au-dessus du batteur elle a d’abord craché de la fumée puis de l’hémoglobine aux dépens dudit batteur. Le prénom vient d’une blague que je connaissais déjà, l’ayant lu dans une interview fleuve dans la presse spécialisée à l’occasion, ça remonte, de la sortie du Best Of The Beast. Je peux citer le même genre de source en ce qui concerne l’anecdote, non mentionnée par Mick Wall, du visuel représentant la tête, hum sans le corps qui va avec, de Paul Di’Anno que le monstre tient par les cheveux. La toile, morbide private joke, pourtant unique et destinée à rester planquée, avait été écartée parce qu'elle coïncidait avec le départ du chanteur, et Steve Harris s’étonne ainsi qu’elle ait pu apparaître sur un bootleg sud-américain. La même chose sera reproduite de manière plus officielle avec un Bruce Dickinson empalé par Eddie et son trident sur la pochette d’"Hallowed be Thy Name", la version live de 1993. Punition un peu sévère pour avoir plus murmuré que chanté lors des derniers concerts, vous ne trouvez pas?

Au fil de la lecture, chaque fan, quelque soit le degré de son addiction, trouvera quelque détail qu’il ignorait jusque là. Combien savent par exemple que Nicko est un surnom donné au batteur durant sa carrière pré-Maiden? Et combien encore en connaissent les circonstances?

Certainement la traduction d’une version augmentée de Run To The Hills. The Authorised Biography of Iron Maiden (parue initialement en 1998), L’épopée des Killers voit la plume de Mick Wall s’arrêter avec le chapitre 15, déjà retravaillé puisqu’il s’attarde sur le retour de Dickinson et Smith (qui n’a eu lieu qu’en 1999, je le rappelle). Les quatre derniers chapitres ne peuvent être considérés que comme une maladroite mise à jour, du bonus en totale incohérence dans le ton avec tout ce qui précède. Mais peu importe, ils ne sont pas sans intérêt, en témoigne notamment une dissection (non, pas celle d’Eddie, on nous a déjà fait le coup en 1995) des albums Brave New World et Dance Of Death. Et puis, on ne peut blâmer cette biographie d’être incomplète tant qu’Iron Maiden continue son p’tit bonhomme de chemin. Vous ne trouverez, très logiquement, aucune mention du dernier album en date ni de la tournée Flight 666 (ou comment un projet logistiquement dément a failli foirer à cause d’une balle de golf). Et, au fait, à quand le 15ème ?


Iron Maiden - L'épopée des Killers, Mick Wall, Camion Blanc, 2005. J'aurais aimé mentionné le traducteur mais...

Iron Maiden - Morceaux d'esprit: Thèmes et origines des chansons de la Vierge de Fer de Jean-Philippe Petesch


AVERTISSEMENT: Vous pouvez lire une version de cet article moins encombrée de digressions, considérations personnelles et conseils de beauté sur Rana Toad . Il y est en outre fusionné avec un autre ouvrage à propos du groupe: http://ranatoad.blogspot.com/2009/09/eddie-are-you-kidding-iron-maiden.html


Morceaux d’esprit est le résultat d’un travail universitaire, fait seulement détectable à première vue par le sous-titre. Jean-Philippe Petesch a ainsi accompli quelque chose à laquelle je n’ai jamais pensé, malgré notre parcours commun de fans d'Iron Maiden ayant suivi des études d’anglais. Démarche si sérieuse et si cadrée, probablement, qu’il m’aurait été difficile de rester objectif. Je ne pense tout simplement pas que mon intérêt pour les paroles du groupe ait un jour atteint ce stade. Elles ont toujours été à mon sens étrangères à tout aspect scolaire. Et puis surtout je ne m’y suis jamais attardé plus d’une semaine après l’achat d’un album.

Dans sa forme, Morceaux d’esprit est une présentation systématique et chronologique des chansons de chaque album du groupe, jusqu’au dernier en date, A Matter Of Life and Death. Auparavant, les cent premières pages ont été consacrées aux précisions que tout effort universitaire est en droit d’attendre : remerciements, introduction, présentation du corpus, documents d’appui, glossaire et liste des thèmes et références. Passages obligés qui à eux seuls m’auraient découragé à aller plus loin si je m’étais lancé dans un tel exercice. Justifier tous les termes que l’on choisit d’utiliser, recracher des références analytiques que le jury connaît par cœur et autres précisions qu’il m’aurait été laborieux d’établir, ce côté convenu et très encadré m’a toujours mis mal à l’aise. Ceci était plus une digression critique sur les règles incontournables et immuables de la sphère estudiantine (j’entends ma mauvaise conscience me souffler : "Alors ne te plains pas d’avoir abandonné ta maîtrise, par deux fois pour ne rien arranger, crétin!"), qu’un bémol attribué injustement à Jean-Philippe Petesch. Ce qui aurait été pure mauvaise foi puisque toutes ces pages liminaires offrent des outils de lecture et de compréhension essentiels ("C’était bien la peine de râler contre les convenances pour camoufler ta mauvaise volonté, trouduc!", dixit ma mauvaise conscience). Reste pourtant ce malaise didactique que j’aurais préféré voir allégé, à l’occasion de la publication en livre, en théorie plus permissive.

Pour dégager les thèmes, l’auteur a eu recours, avec les faiblesses que cela suppose, à une recherche informatique par occurrence des mots. Bien que quelque peu alourdie de chiffres, elle n’a pourtant pas été inutile et, je n’ajouterai pas une dernière pique en admettant que c’est une approche méthodologique que l’auteur était quelque part obligé de rendre compte, un premier pas pour constituer une cohérence du "discours" (un des termes du glossaire) entre les albums d’Iron Maiden. Pour la bonne cause donc. Petite précaution générale de l’auteur, il insiste sur l’aspect subjectif de ses interprétations (celle d’"Iron Maiden" est à retenir) et appelle à prendre tout autant en considération celles qui ne seront logiquement pas mentionnées. Quelques thèmes sont attendus puisque fréquents dans le heavy metal (la mort, la guerre, l’occultisme…) mais leur traitement n’aura qu’un seul but, démontrer qu’Iron Maiden ne les a jamais utilisés par provocation ou gratuitement. Petite parenthèse sur le sexe et l’amour, thèmes clichés par excellence, ils apparaîtront presque inexistants dans le "discours" du groupe, sinon à quelques petites exceptions, "saga Charlotte" ("Charlotte The Harlot", "Twilight Zone", "22 Acacia Avenue", "Hooks In You" et "From Here To Eternity") en tête, mais aussi parfois avec un sérieux inhabituel sur les sujets ("Wasting Love" est l’exemple le plus représentatif).

Suit la présentation des références directes, qu’elles soient historiques ("Run To The Hills", "Alexander The Great"…), bibliques ("The Number Of The Beast"), mythologiques ("Flight Of Icarus"), littéraires ("The Rime Of The Ancient Mariner", "Brave New World ") ou cinématographiques ("Man On The Edge", "The Wicker Man"). Bien que certaines références soient évidentes, ne pensez pas que l’auteur enfonce les portes ouvertes en ne faisant que rappeler leur provenance. Elles seront par la suite développées et l’on verra qu’elles sont rarement utilisées telles quelles, servant ainsi de base acceptant habiles modifications et détournements opérés par les différents paroliers. D’autre part, la majorité des références historiques ont été pour moi une découverte totale, particulièrement celles de "The Trooper" ou d’"Aces High". M’avaient également échappé, entre autres, que la saga d’Alvin The Maker d’Orson Scott Card était la source directe d’une partie de Seventh Son Of A Seventh Son et que "Hallowed Be Thy Name" évoquait presque, à défaut de confirmation de la part de Steve Harris, explicitement Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo.

Jean-Philippe Petesch nous offre parfois d’agréables bonus et je ne peux omettre l’enrichissante explication de texte de "Revelations" (extrait d’une interview de Bruce Dickinson dans Enfer Magazine n°8, décembre 1983, placée en note de fin de chapitre). Entre indéniablement dans cette catégorie l’intervention extérieure d’Emmanuel Haeussler, interlude de trois pages, qui propose un parallèle inattendu dont je vous laisse la découverte.
Cette richesse intertextuelle (interquoi ?), inaperçue du grand public, plus effrayé par Eddie et ses "mises en situation" (ou plus simplement par ces-chevelus-avec-leurs-guitares-qui-font-n’importe-quoi-moi-je-préfère-Whitney-Houston), contribue grandement, et en toute objectivité, a démontrer l’originalité du groupe de Steve Harris. Mais, détrompez-vous, le corpus étudié recèle plus que des références à des œuvres déjà existantes. Certaines paroles se basent sur le statut du groupe au fil des années qu’ils soient adulés ("Powerslave", lors de l’âge d’or éprouvant des années 80) ou critiqués ("Virus", réponse acide aux journalistes anti-Bayley). Les préoccupations humaines et contemporaines ne passent pas à la trappe, elles sont même associées à un questionnement beaucoup moins superficiel qu’on pourrait le penser. En témoignent la cohérence thématique et introspective des albums The X-Factor et A Matter Of Life And Death. "Afraid To Shoot Strangers", inspiré par la guerre du Golfe, est un de ces titres mal compris dont le plus célèbre reste "The Number Of The Beast" (au numéro 668 vous trouverez "The Neighbour Of The Beast"), qui ne serait qu’une transposition d’un rêve de Steve Harris. Première composition de Nicko McBrain, "New Frontier", prend, elle, une position controversée sur le clonage etc. Sans être un groupe adepte des protest-songs, quelques morceaux d’Iron Maiden peuvent entrer dans cette catégorie ("Run To The Hills", "Holy Smoke", "Fear Is The Key" ou encore "Childhood’s End").
Avant de conclure, je me permet de dire que j’ai détecté quelques erreurs, mais je les omets, tout ceci étant déjà trop long pour y inclure du chipotage d’intérêt moindre.
Même si je pense qu’aux yeux des trois quarts des fans, ce qui prime c’est l’instrumentation des morceaux et des atmosphères qu’elle transcrit, la question du didactisme des paroles, voulue ou non, est très pertinente (si on faisait une recherche informatique du même type sur mes articles, mais je n’ai pas assez souffert avant d’être une star, ce mot sortirait, avec "choucroute", en bonne place) tout autant que la distinction entre "fan" et "afficionado" (il est bien évidemment permis de penser qu’il existe des nuances) établie dans le glossaire. Grâce aux mélodies et la voix de Bruce Dickinson (si vous êtes sceptiques, faites donc la comparaison entre les versions studios et live de "Phantom Of The Opera" et "The Clansman"), les chansons de Maiden selon moi parlent plus aux tripes qu’à l’intellect. Ce qui ne signifie pas pour autant que les interprétations de Jean-Philippe Petesch ne m’ont rien apporté, bien au contraire. J’ai refermé le livre avec satisfaction, content d’avoir pu lire une mini-encyclopédie intégralement consacrée à un groupe de cette envergure, me confortant ainsi dans un choix musical qu’il m’a parfois été difficile à assumer.

Note: pour être tout à fait honnête, je dois la blague sur "le voisin de la Bête" à Whitfield Crane, ex-chanteur de feu Ugly Kid Joe qui faisait part dans une interview des titres non retenus pour intituler ce qui reste le dernier album de la formation, Motel California (1996).
Merci à Taly et à Camion Blanc.
Et à Carméline qui m'a permis de faire de plus longs articles.

Iron Maiden - Morceaux d'esprit: Thèmes et origines des chansons de la Vierge de Fer, Jean-Philippe Petesch, Camion Blanc, 2008, 32€.

28 septembre 2009

Insomnium - Across The Dark

Death métal mélodique / Doom
Finlande

Il s’agit là du 4ème album des finlandais. Après un "Above the Weeping World" génial, le groupe revient avec un disque suivant la même veine mais cette fois-ci plus doom. Il n’est donc pas étonnant qu’ils accompagnent Swallow The Sun en tournée. Tout comme son prédécesseur, "Across the Dark" s’ouvre avec une morceau-intro épique qui donne le ton. Entre riffs énergiques et mélodie doom, ce premier titre montre bien ce qui suivra dans les 7 prochains morceaux.

Le second titre est un bon témoignage de la capacité mélodique du groupe : les mélodies sont superbes et les riffs épiques. On pense parfois à Draconian. Suit "Where the Last Wave Broke". Les riffs sont tranchants et efficaces ; un couplet très mélodique doublé du chant clair de Jules Näveri (Profane Omen) montre le nouvelle voix (c’est le cas de la dire) empruntée par le groupe, ce qui n’est pas sans déplaire. En effet, le chant clair est une nouveauté pour le groupe. "The Horrowing Years", titre très doomy, peut surprendre par son refrain très (trop ?) mélodique, mais force est de constater que la qualité est là. "Against The Stream" ravira les fans des titres speed, hautement influencés par Dark Tranquility notamment. Encore une fois, les mélodies sont efficaces et riffées.

Quant à la batterie, elle surmène cymbales et grosses caisses pour ravir nos tympans. Un superbe refrain mélancolique accompagnés de claviers place ce titre parmi les meilleurs de l’album. Le titre suivant est une « ballade » (avec double grosse caisse tout de même) qui montre encore une fois la capacité d’Insomnium à produire des mélodies imparables. "Into The Woods" nous ramène vers des contrées plus speed, mais encore une fois ponctuées d’un refrain irréprochable et efficace, dont la mélodie est assurée par les guitares seules. Enfin, "Weighed Down With Sorrow" est le titre le plus doom de l’album. Tragique et enragé, il devrait plaire aux fans de Draconian. Il clôt magistralement l’album.

Voici donc un excellent disque aux compositions de grande qualité. Insomnium n’apporte rien de nouveau au paysage métal de la scène scandinave, certes, mais ce disque est tout de même d’une grande fraîcheur, riche en émotions et d’une qualité indéniable du début à la fin.

Références

Insomnium, Across The Dark. Candlelight Records, 2009.

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17 septembre 2009

Amorphis / Amoral / Before The Dawn - La Loco, Paris - 14 octobre 2009

Cela fait maintenant plusieurs années que j’attendais le passage d’Amorphis par la France, le groupe ayant « oublié » de passer chez nous lors de leur dernière tournée pour Silent Water. Quelle joie donc, d’autant plus que le concert a lieu à La Loco ! Hélas, je ne savais pas qu’il s’agissait de la petite salle, celle où seuls ceux qui ont la chance d’être dans la fosse en face de la scène pourront tout voir. En effet, en plus d’être beaucoup trop petite pour tout ce monde, de larges piliers entourent la scène et la rambarde en hauteur, obstruant la scène pour ceux qui sont sur le côté. Résultat, j’ai « de la chance » d’être sur les marches de l’escalier à l’entrée, où je peux voir quelques musiciens. Il n’empêche, de toute la soirée, je n’ai pu voir ni le batteur ni le deuxième guitariste. Quant à ceux sur la rambarde en hauteur, j’imagine qu’ils ont du avoir un beau torticolis, ayant passé la soirée la tête penché pour voir la scène à cause des piliers. Je n’ai pas fini mon coup de gueule : au lieu de commencer à 19h30 comme c’est écrit sur les billets, le concert débute à 19h. MERCI DONC AUX ORGANISATEURS.

Passons au concert. J’ai donc loupé la première partie, mais aussi manqué le début de le seconde première partie. Il s’agit donc soit d’Amoral soit de Before The Dawn. Quoi qu’il en soit, la musique du groupe est sympathique, orientée folk/death. Le son est bon, pas trop fort, ce qui permet d’entendre tous les instruments.

Nous n’attendons pas trop longtemps avant que n’arrive Amorphis. Le public est très présent et les acclamations fusent. Le groupe entame "Silver Bride," single et tube issu du dernier album en date, "Skyforger". Le son reste parfait, et les claviers ne passent pas inaperçus. Le dernier album sera largement à l’honneur, ce qui est plus qu’appréciable. Ils joueront notamment le puissant "Majestic Beast," "The Sky Is Mine" et "From The Heaven Of My Heart". "Silent Water" n’est pas oublié car ils nous font l’honneur de jouer le titre éponyme, titre magnifique aux claviers mélancoliques. Parmi les albums récents, on a aussi droit à "The Smoke" issu d’"Eclipse", premier album du chanteur Tomi Joutsen.

Mais les premiers Amorphis ne sont pas en reste, ce qui fait le bonheur du public. En témoignent les titres "The Castaway," "Against Widows", "Cares" ou encore "Black Winter Day". Le chanteur est communicatif avec le public qui lui rend la pareille. Les lumières se rallument. Le public acclame. Vient le temps du rappel. Ils interpréteront trois titres. Le public hurle de joie quand débute "Sign Of The North Side", issu de "Tales From The Throusand Lakes". Vient ensuite "House of Sleep", repris en chœur par la foule. Enfin, la soirée se clôture sur "My Kantele" et son solo de claviers.

Un très beau concert qui a passé très vite (il se termine à 22h00). On espère qu’une chose : que les finlandais repasseront très vite dans la grande salle de La Loco, ou mieux, au Trabendo.

12 septembre 2009

Enslaved - Vertebrae

Black métal progressif influencé 70s
Norvège

De leur 10ème album, Grutle Kjellson (chant, basse) disait qu'il s'agissait de métal extrême et avant-gardiste avec une touche de Pink Floyd schizophrène*. S’éloignant de plus en plus de leurs débuts black métal, Enslaved franchit avec Vertebrae une nouvelle porte. Plus expérimental, plus aérien, plus 70s, et donc, moins extrême ; Enslaved est un groupe qui avance, progresse dans la direction qui lui est propre, se moquant bien des souhaits des fans ou des tendances. Qu’en sort-il ? Un des meilleur album que j’ai jamais entendu. Les compostions sont d’une très grande qualité. Je ne pensais pas qu’il pourraient surpasser le grandiose "Monumension", mais ils l’ont fait, et il s’agit pour moi du meilleur album de toute la discographie des norvégiens.

L’album s’ouvre sur des claviers psychédéliques 70s et des jeux de cymbales, rejoint par les guitares et la basse. Une seconde d’accalmie, et le son lourd arrive. D’entrée de jeu, on sait que l’on a à faire à du gros. La basse du chanteur résonne de toute sa puissance, les claviers sont au même plan que les autres instruments. Les lignes mélodiques sont impressionnantes. Sur cet album le chant clair du claviériste est aussi présent que le chant black, ce qui n’est pas pour déplaire. En effet, Herbrand Larsen possède un excellent timbre de voix. Les riffs sont posés mais puissants. De superbes solos ponctuent l’album, comme celui de "Ground", très Pink Floyd, et absolument planant ; ou encore ceux de "Reflection".

Mais du black métal, que reste-t-il ici ? Pas grand-chose à vrai dire : la voix de Grutle Kjellson, le titre "New Dawn," malgré un refrain au chant clair, et un certain son de guitare. Un mélange de genres et d’influences compose les 8 titres. Pop sur "Ground," doom sur l’excellent "Center", 70s sur l’ensemble du disque, progressif pour certains éléments… Qu’importe. Il n’est ici pas question de style mais de musique dans sa globalité. Enslaved nous montre alors qu’ils ont tout compris ; que la musique s’appréhende au-delà d’un genre musical ; qu’elle est une expérience purement émotionnelle.

La pochette illustre une vertèbre ornée de veines dessinant la rune Mannar / Mannaz / Homme. La vertèbre incarnant fierté et fragilité, l’illustration complète reflète l’unité entre l’esprit et la chair*. Quant aux paroles, elles sont centrées sur différentes émotions.

Un très grand album que ce Vertebrae, qui saura être apprécié à sa juste et très grande valeur par les esprits les plus ouverts.
*Interview dans Metallian n°53, 2008, p.55.

Références

Enslaved, Vertebrae. Indie Recordings, 2008.

Liens
  • Site officiel
  • MySpace

5 septembre 2009

Bloodbath - Unblessing the Purity

Death metal
Suède

Un EP de Bloodbath aussi bon qu'un album

Cet EP sorti en 2008 regroupe 4 titres. Mais la qualité des morceaux est telle qu'il prend un caractère aussi précieux qu’un album studio.

Nous retrouvons toujours ce death metal bien lourd qui fait la valeur sûre du groupe, mais avec, à mes yeux, un petit plus. Les blasts sont plus destructeurs que jamais (notamment sur « Blasting the Virginborn » ) et la qualité des riffs superposés aux lignes mélodiques des guitares démarquent une nouvelle fois Bloodbath de la scène death metal, et ce, sur les 4 titres de l'EP.

Le son est puissant, bien plus que sur les 2 albums précédents de Bloodbath..

..un fait bien appréciable, surtout lors des reprises à se briser le cou, « Sick Salvation » pour n'en citer qu'un. Quant au chant, que dire, Mikael Åkerfeldt assure parfaitement : son growl est aussi lourd et puissant que le jeu de ses comparses. La pochette est elle aussi ravageuse et pointe du doigt l’Église, avec ses prêtres-loups baptisant un bébé dans un bain de sang (logique !).

Certes, le combo de Bloodbath regroupe des personnalités connues (Opeth, Katatonia), mais la mise en lumière du groupe est totalement justifiée par la qualité réelle de leur musique...

...comme nous le prouve une nouvelle fois ce brillant EP de Bloodbath hautement recommandé !

Références

Bloodbath, Unblessing the Purity. Peaceville, 2008.

Liens