16 août 2009

Amorphis - Skyforger

Metal folk
Finlande

Skyforger est le 9ème album des finlandais et annonçons le tout de suite, il est aussi, selon moi, le meilleur de toute la discographie du groupe. Dans la continuité de Silent Water, Skyforger propose un métal épique, aux mélodies pop mais puissantes, toujours portées par les superbes guitares d’Esa Holopainen (Lead guitars). Ce qui fait la magie du disque ? La qualité des mélodies et la touche 70s apportée par les claviers de Santeri Kallio. En effet, une des grandes influence du groupe est Ritchie Blackmore et Rainbow. Ecoutez "Sampo" et "Godlike Machine" (titre bonus fabuleux et incontournable) pour vous faire une idée.
La touche très mélodique n’exclue pas des riffs très puissants comme sur "Majestic Beast" et "Skyforger". Quant au chant, Tomi Joutsen assure parfaitement le chant clair, prédominant, et les growls, plus rares mais toujours présents.
Toujours basées sur le Kalevala*, les paroles mettent en avant Illmarinen, un de personnages de l’épopée. Ponctué par des ballades de qualité, le disque s’écoute d’une boucle, et même si l’originalité n’est pas réellement au rendez-vous dans la discographie du groupe, Skyforger s’avère être d’une très grande qualité de composition, et surtout, il y a cette touche de magie…
Enfin, félicitons le superbe travail effectué sur la pochette qui illustre le thème de l’album.
Skyforger est un disque indispensable pour les fans de métal mélodique, de folklore et de magie!

* Le Kalevala est l’épopée nationale finlandaise qui regroupe des textes populaires oraux recueillis par le Dr Elias Lönnrot au 19ème siècle. Tolkien s’en serait inspiré pour la conception du Silmarillion. Voir l'article sur Wikipédia pour en savoir plus.

Références

Amorphis - Skyfoger. Nuclear Blast, 2009

15 août 2009

Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings (3-CD Deluxe Edition)

Pochette de l'album de Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings (3-CD Deluxe Edition)Progressif
États-Unis


Bien que Dream Theater soit l'un des rares groupes que je suis album après album, on peut dire que je suis un fan mitigé. Il faut reconnaître leur régularité et le rythme effréné qu'il tiennent depuis des années. J'aime que leurs morceaux partent dans une sorte de folie contrôlée et je n'ai jamais suivi les détracteurs qui affirment que "c'est trop technique". Une oreille naïve ne participe pas à ce débat entre musiciens, se contente d'écouter et d'apprécier. Mais il y a certaines choses que j'ai toujours du mal à avaler. Tout d'abord leurs ballades ou semi-ballades mièvres qu'ils nous pondent assez régulièrement, argument destiné justement aux détracteurs pour pallier à l'aspect "trop technique". J'excepte certaines compositions lentes et mélancoliques beaucoup moins discutables (comme "Space-Dye Vest", "Disappear" et "Vacant"). Puis viennent en deuxième position, les morceaux un peu trop tirés par les cheveux, inutilement longs dont on se lasse au bout de quelques écoutes. Un exemple? "In The Name Of God" qui gâche un peu l'excellent Train Of Thought. Troisième chose, la plus importante, et là je vais me faire des ennemis, le chanteur James LaBrie.Oui, il a une voix originale qu'il travaille énormément, je l'accorde à ses plus fervents fans. Mais j'ai toujours trouvé que si il y avait un poste a changer dans le groupe ça serait la voix, sans hésitation. Chose impossible vu la cohésion du groupe autant niveau personnel que musical. Je suis de ceux qui tolèrent cette voix, pas mauvaise en soi, mais qui souvent m'agace.

Pardonnez-moi cette intro un peu longue, mais pour ma première chronique musicale officielle, quelques précisions subjectives s'imposaient. Black Clouds & Silver Linings, dixième album du groupe, a pour particularité d'être agrémenté, dans sa version collector, de deux disques supplémentaires: un comprenant six reprises l'autre, l'album dans son mixage instrumental.
Commençons par le disque de reprises. De très bonnes surprises, comme la suite "Tenement Funster/Flick Of The Wrist/Lily Of The Valley" de Queen (sur Sheer Heart Attack, 1973), peut-être méconnue pour ceux qui se contentent des Greatest Hits, et "To Tame A Land" d'Iron Maiden (Piece Of Mind, 1983), déjà présente sur le Tribute Maiden Heaven (où elle est très bien accompagnée par un "Remember Tomorrow" revisité par Metallica). Deux choix qui sortent des sentiers battus qui justifient l'achat de la version collector. "Stargazer" de Rainbow (Rising, 1976) et "Larks Tongues In Aspic Pt.2" de King Crimson (Larks Tongues In Aspic, 1973), suivent dans mes préférences. Ces quatres reprises ne s'éloignent pas trop des morceaux originaux (que je connaissais) et le son si particulier de Dream Theater suffit à l'auditeur le plus exigeant pour ne pas les trouver sans intérêt. Dixie Dregs est un groupe que je connais trop peu pour pouvoir faire une comparaison pertinente d'"Odyssey" (What If, 1978). Je vais faire l'impasse (quasi-totale) sur "Take Your Fingers Off My Hair" de Zebra (album éponyme de 1983, merci Wikipedia), qui n'est certes pas sans intérêt, mais je suis incapable d'en dire plus que: plaisant mais pas indispensable.
Les versions instrumentales devraient me ravir au plus haut point. C'est une initiative que Dream Theater aurait dû faire à chaque album. Mais elles ne sont qu'une ossature destinée à être complétée par des paroles, les passages des couplets sonnent donc logiquement un peu creux. Ce n'est pas du Liquid Tension Experiment (où Portnoy, Petrucci et Rudess avec Tony Levin se lâchaient complétement) mais du Dream Theater sans paroles. A écouter occasionnellement, pour changer.
Pour continuer dans la même veine que mon introduction, je vais commencer cette dissection de Black Clouds & Silver Linings par ce que je considère, très subjectivement, comme le plus mauvais. "Wither"... bel exemple de ballade mièvre que j'écoute une fois de plus (ou de trop) juste pour cette chronique.J'ai beau être indulgent à chaque nouvelle écoute, il n'y a rien à faire, ça dégouline et c'est vraiment pas mon truc. Un morceau à n'écouter qu'une fois par an. "The Best Of Times" bien qu'écrit avec le coeur, ça me gêne d'en dire du mal en voyant les photos du livret et à qui cette chanson est dédiée, me laisse plutôt insatisfait et rentre dans la catégorie "inutilement long". Le riff proche de "To Live Forever", le break et l'accélération un peu bâclés et cette fin interminable et pompeuse n'en font pas pour moi l'un des meilleurs titres du groupe. "Rite Of Passage" son refrain poussif et son air de déjà entendu ne me convainc pas non plus. Un morceau de plus moyennement plaisant.

Pour tous ceux qui me trouveront trop sévères, ne me condamnez pas, je vais vous faire part de ce qui m'a plu dans ce dixième opus. Il faut voir le bon côté des choses, les trois titres qui restent constituent la majeure partie de l'album du point de vue minutage. "A Nightmare To Remember", bien qu'à la première écoute trop reconnaissable (les mélodies vocales surtout) comme une composition de Dream Theater, avec cette intro sombre (proche du black metal) qui ferait une bonne B.O. de film, est une bonne entrée en matière. Il m'a fallu trois ou quatre écoutes pour l'apprécier pleinement et il est difficile de ne pas trouver maladroit le passage "rappé", un peu téléphoné. C'est quelque chose que Dream Theater a pourtant très bien utilisé sur de précédents albums. "The Shattered Fortress" conclut le cycle personnel de Mike Portnoy (enfin, je pense, je n'ai pas lu d'interview de l'intéressé le confirmant) contre l'alcoolisme (en témoignent les douze sous-parties correspondant au douze palliers du programme standard des Alcoolique Anonymes). Commencé sur 6 Degrees Of Inner Turbulence (2001) avec "The Glass Prison" et s'étirant le long des quatre albums suivants (les fans sauront reconstituer le cycle d'eux-mêmes), cet exorcisme musical, mi-confession mi-défouloir, s'achève sur un montage de passages transformés reconnaissables pour ceux qui suivent la discographie du groupe. Il y a une transition que je trouve maladroite, mais "The Shattered Fortress" a la particularité d'être apprécié dès la première écoute grâce à la familiarité instaurée tout au long des quatre albums précédents. Peut-être que le cycle sera encore plus cohérent si on l'écoute dans son intégralité, ce que de nombreux fans ont déjà peut-être fait. "The Count Of Tuscany" est la cerise sur le gâteau (hum, ces oh-oh-oh de James LaBrie, à la fin, destinés surtout à dire qu'il faudra le suivre en concert sont exaspérants, ils avaient déjà fait le coup avec "In The Name Of God". Est-ce fondamentalement utile sur l'album studio?). Stratégiquement placé en fin d'album et en fin de chronique pour terminer sur une note positive (d'où la précédente parenthèse), "The Count Of Tuscany" et ses 19 minutes est le genre de morceau épique classique pour Dream Theater qui fait l'unanimité. Son intro à la Rush (non?) et son accalmie lyrique, le meilleur passage de l'album à mes yeux, suffisent amplement à faire pencher la balance du bon côté.

Pour conclure, je tiens à préciser que je ne fais qu'exprimer un avis naïf et superficiel, mais c'est totalement assumé. Je ne suis ni musicien, ni critique musical professionnel. J'omets tous commentaires sur les paroles ou la production (entre autres) pour plusieurs raisons qu'il est inutile d'énumérer. Cet article a été rédigé sans prétention et sans influence extérieure, je n'ai absolument rien lu au sujet de l'album auparavant. J'espère que les puristes liront ça avec un peu de recul. Mon sentiment mitigé sur Black Clouds & Silver Linings n'a pas pour but d'influencer en quoi ce soit son achat. Beaucoup de fans l'ont déjà acheté et n'auront que faire de cet article tardif.

Pour compléter voici quelques liens (les premières occurrences de Google, en vérité: à vous d'aller plus loin si ça ne suffit pas) vers d'autres chroniques, très enrichissantes, pour ceux qui ont eu le malheur de tomber sur la mienne en premier :


9 août 2009

Black Sabbath, La Bête venue de Birmingham de Guillaume Roos

The Devil You Know, l'album de Heaven & Hell, bien qu'encore sans titre à ce moment-là, était déjà prévu au moment de la rédaction de cette première biographie française (dites-moi si je me trompe) de Black Sabbath. A l'heure qu'il est l'album est sorti. Oui, « la légende continue... », mais pas sous le même nom. Ce qui est, après tout, une bonne manière d'établir le bilan de ce qu'est Black Sabbath depuis ses origines.

Avec son sommaire très efficace, un chapitre par album, Guillaume Roos s'est donc attaché à raconter le parcours d'un des groupes les plus influents de la sphere hard-rock/metal. Que l'on soit fan puriste (« ah Cozy Powell à la batterie [soupir]... »), relativement profane (« ouais, j'connais Paranoid ») ou quelque part entre les deux (ce qui est mon cas et j'en savais si peu avant d'avoir refermer le livre), ce travail de paléontologie, très minutieux, se révèle être une référence complète et pertinente.

L'accident de travail qui coûtent deux doigts à Tony Iommi (détail d'une importance qu'on ne soupçonne pas), la rencontre des quatre brummies (surnom donné en référence à leur ville natale), leur période faste (pour leur nez, sniiif, entre autres) et féconde (du premier album éponyme à Sabbath Bloody Sabbath), les premières dissensions internes et externes (à partir de 1976), les incessants changements de line-up (plus d'une cinquantaine d'après l'annexe consacrée à « L'Arbre généalogique »): tout est agréablement ponctué d'interventions, incluses les nombreuses facéties d'Ozzy, d'anecdotes et points d'histoire non résolus. Michael Bolton et Tom Jones ont-ils réellement fait partie du groupe? Je ne vous révélerai rien, même pas le nom du bassiste qui figure dans le clip de « The Shining ». Ne parlons pas de l'illuminé mythomane Jeff Fenholt, qui a ridiculement entretenu la réputation sataniste qu'encore beaucoup de crétins veulent accorder à Black Sabbath. Mais au fait, d'où vient ce nom?

On y apprend les départs et retours de Bill « ça s'en va et ça revient » Ward et de Geezer « should I stay or shoud I go » Butler, le premier pour des raisons de santé, le second souvent pour désaccords temporaires. Sans oublier les tentatives désespérées, au fil des ans, de faire revenir Ozzy « tu veux ou tu veux pas ? » Osbourne (hélas trop occupé par sa carrière solo et autres regrettables shows de télévision) au sein du groupe par Tony « the show must go on » Iommi, seul membre permanent pendant toutes ces années. Ozzy est officiellement réintégré au groupe depuis 1996, mais excepté deux titres inédits en bonus sur le live Reunion rien n'est encore sorti de nouveau après cette pseudo-reformation. Cet immobilisme forcé (il existerait 7 titres enregistrés, cependant, enfermé dans un tiroir) a donc mené Iommi, Butler & Co. dans un premier temps à l'écriture de trois morceaux inédits avec Ronnie James Dio (présents sur la compilation The Dio Years) et, à moyen terme, à Heaven & Hell.

En ce qui concerne les annexes, elles prennent les deux tiers de l'épaisseur du livre et sont, il est vrai, plus laborieuses à lire que la biographie à proprement parler. Elles ont cependant fonction complémentaire de référence et rappellent (ce qui peut être considéré comme des redites) de nombreux points charnières que l'on peut avoir oublier. Les annexes autour des individus permettent une compréhension du rôle de chacun et ouvre sur de potentielles futures découvertes musicales pour le lecteur. On se rend compte à quel point l'interview de Bill Ward a aidé l'auteur mais l'interview de Neil Murray (un des nombreux bassistes), aussi intéressante soit-elle, aurait eu plus sa place dans une biographie consacrée à Whitesnake. Une interview de Geoff Nichols (deuxième membre le plus présent après Toni Iommi) aurait été préférable, mais je ne souhaite pas remettre en cause le gros travail fourni par Guillaume Roos, j'ai conscience des impossibilités et des restrictions intrinsèques à ses recherches.

Je n'avais eu qu'une vision achronologique et tronquée de l'histoire du groupe, n'étant informé que par l'intérieur des pochettes d'album trop sommaires. Ce pavé biographique m'a beaucoup éclairé et a comblé bon nombre de mes lacunes: de mes écoutes de Paranoid et Headless Cross (toutes deux régulières sur la playlist du samedi après minuit de Ouï FM, il y a une quinzaine d'années) à mes découvertes des albums au gré des rayons pas toujours bien fournis des disquaires ou médiathèques (j'ai appris, par exemple, très tardivement que Ian Gillan chantait sur un album et qu'il y avait eu donc d'autres chanteurs qu'Ozzy, Ronnie James Dio ou Tony « roue de secours » Martin), en passant par mes interrogations à ma première écoute du morceau éponyme qui ouvre le premier album (« c'est flippant ce truc, mais comment les gens ont réagi à l'époque à cette voix possédée ? »), tant de souvenirs qui retrouvent une saveur très particulière.

Un document indispensable pour qui s'intéresse à la naissance du metal et au poids lourd (camion noir ou dinosaure ?) que restera Black Sabbath.

  • Black Sabbath, La Bête venue de Birmingham, Guillaume Roos, Camion Blanc, 34€.
Article paru précédemment sur Rana Toad