AVERTISSEMENT: Vous pouvez lire une version de cet article moins encombrée de digressions, considérations personnelles et autres recettes de cuisine sur Rana Toad . Il y est en outre fusionné avec un autre ouvrage à propos du groupe:
http://ranatoad.blogspot.com/2009/09/eddie-are-you-kidding-iron-maiden.html
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A la question : quel groupe selon vous définit le heavy metal? Certains diront Black Sabbath d’autres Metallica. D’autres encore Bon Jovi ou Kyo, mais faut-il en vouloir aux plaisantins? Personnellement, et en toute objectivité malgré mon addiction à ce groupe, je pense qu’Iron Maiden serait au moins deuxième au classement, à défaut d’être premier.
Mon premier contact avec Iron Maiden eut lieu lors de la sortie de Fear Of The Dark en 1992. Directement entré à la première place du Multitop sur M6, l’album a bénéficié d’une diffusion régulière du clip de "Be Quick Or Be Dead", hum pas l’idéal pour se débarrasser des idées reçues quand on voit Dickinson hurler et remuer sa tignasse. Je coupais le son à chaque fois en attendant que ça finisse. Mais l’année d’après, lors de la sortie de A Real Live One, c’est "Fear Of The Dark" qui était diffusée, puis quelques mois après c’était au tour de la version de "Hallowed Be Thy Name" sur A Real Dead One. Il suffit de vous dire que ces deux morceaux-là ont été le départ de la découverte musicale la plus importante de mon adolescence.
L’épopée des Killers est ce que l’on peut appeler une biographie officielle et autorisée, Mick Wall étant un proche du groupe. On ne pourra bien sûr jamais évaluer, au mieux, la réserve au pire, la censure et/ou l’auto-censure qu’elle suppose. Elle inclut cependant un enthousiaste avant-propos de Steve Harris, le bassiste-leader. La démarche de Wall fait part de la diversité des points de vue, par le biais d’interventions issues de nombreuses interviews, et crée donc une mosaïque, peut-être imparfaite mais resserrée autour des événements et des personnes qui ont fait avancer le groupe depuis 1975.
Les chapitres suivent la chronologie mais prennent souvent la forme d’une mini-biographie d’un des musiciens ou d’une personne ou personnage lié au groupe : le manager, la mascotte Eddie ou son créateur Derek Riggs. Mick Wall n’oublie pas Martin Birch, dont le CV, déjà impressionnant (In Rock de Deep Purple, c’est déjà beaucoup, non ?) avant Killers, porte la prestigieuse mention : 1981-1992 producteur exclusif d’Iron Maiden. Quel fan ne scrutait pas chaque livret pour voir de quel surnom le groupe ne manquait jamais de l’affubler?
Est-il étonnant de voir les deux premiers chapitres intitulés respectivement "Steve" (Harris) et "Dave" (Murray)? Le bassiste et le guitariste sont en effet les deux seuls membres actuels présents sur les 14 albums. Dave Murray a bien été viré suite à un malheureux malentendu, mais ce fut plutôt bref. C’est Dennis Wilcock, le chanteur qui a précédé Paul Di’Anno, qui a recommandé Dave quand le groupe avait besoin d’un guitariste. C’est sans doute là l’un des premiers pas primordiaux dans l’histoire d’Iron Maiden, tout à fait en concordance avec la perspective annoncée par Mick Wall dans son Introduction.
Une impression, souvent partagée, ressort des interventions orales des protagonistes au fil des pages, celle d’avoir souvent trouvé la bonne personne, d’avoir fait le bon choix pour le groupe. Même quand il s’agissait de se séparer d’un musicien c’était surtout pour ne pas traîner un poids mort et les intéressés ont toujours semblés être compréhensifs et conscients de leurs dérapages. Dennis Stratton, Paul Di’Anno et Clive Burr en sont de parfaits exemples. Même le renvoi, plus controversé, de Blaze Bayley n’était pas sans raisons en défaveur du chanteur et L’épopée des Killers éclaire beaucoup de fans, Steve Harris ayant souhaité garder le silence un certain temps sur cet épisode obscur. Même sur mon petit nuage, je ne pouvais m’empêcher de me poser certaines questions sur ce qui avait amené au double retour de Smith et Dickinson.
Bruce Dickinson, considéré par beaucoup comme l’emblématique chanteur d’Iron Maiden (son retour en 1999 ayant plus que confirmé cet état de fait), y apparaît sans doute comme l’individu le plus complexe de la formation britannique. Diplômé en histoire, écrivain, animateur radio, pilote de ligne et j’en passe, pas étonnant que cet électron libre (le chapitre qui lui est consacré démontre très bien à quel point il a toujours voulu échapper à toute forme d’enfermement) avait déjà envisagé de quitter Maiden dès 1986, lui qui voulait placer des chansons acoustiques sur l’album successeur de Powerslave. Il ne signe aucun titre sur le futuriste Somewhere In Time. Le début d’une carrière solo en 1990 annonçait déjà un peu son départ en 1993 (je n’étais pas encore assez accro pour le regretter), épisode certainement le plus difficile pour Steve Harris, le capitaine du bateau qui n’a jamais renoncé à la moindre avarie. A tel point qu’ « il semblerait […] que seule [sa] mort puisse mettre un terme à cette aventure musicale », citation empruntée à Jean-Philippe Petesch mais qui résume bien ce que tout fan du groupe est susceptible d’avoir cru à chaque changement de line-up.
Une impression, souvent partagée, ressort des interventions orales des protagonistes au fil des pages, celle d’avoir souvent trouvé la bonne personne, d’avoir fait le bon choix pour le groupe. Même quand il s’agissait de se séparer d’un musicien c’était surtout pour ne pas traîner un poids mort et les intéressés ont toujours semblés être compréhensifs et conscients de leurs dérapages. Dennis Stratton, Paul Di’Anno et Clive Burr en sont de parfaits exemples. Même le renvoi, plus controversé, de Blaze Bayley n’était pas sans raisons en défaveur du chanteur et L’épopée des Killers éclaire beaucoup de fans, Steve Harris ayant souhaité garder le silence un certain temps sur cet épisode obscur. Même sur mon petit nuage, je ne pouvais m’empêcher de me poser certaines questions sur ce qui avait amené au double retour de Smith et Dickinson.
Bruce Dickinson, considéré par beaucoup comme l’emblématique chanteur d’Iron Maiden (son retour en 1999 ayant plus que confirmé cet état de fait), y apparaît sans doute comme l’individu le plus complexe de la formation britannique. Diplômé en histoire, écrivain, animateur radio, pilote de ligne et j’en passe, pas étonnant que cet électron libre (le chapitre qui lui est consacré démontre très bien à quel point il a toujours voulu échapper à toute forme d’enfermement) avait déjà envisagé de quitter Maiden dès 1986, lui qui voulait placer des chansons acoustiques sur l’album successeur de Powerslave. Il ne signe aucun titre sur le futuriste Somewhere In Time. Le début d’une carrière solo en 1990 annonçait déjà un peu son départ en 1993 (je n’étais pas encore assez accro pour le regretter), épisode certainement le plus difficile pour Steve Harris, le capitaine du bateau qui n’a jamais renoncé à la moindre avarie. A tel point qu’ « il semblerait […] que seule [sa] mort puisse mettre un terme à cette aventure musicale », citation empruntée à Jean-Philippe Petesch mais qui résume bien ce que tout fan du groupe est susceptible d’avoir cru à chaque changement de line-up.
Machine bien huilée, Iron Maiden est l’un de ces groupes qui n’a jamais splitté et, même si l’écart s’est creusé peu à peu, a continué à sortir régulièrement ses albums sans se fier aux tendances. Le punk ? Quelque chose dont il fallait se démarquer sous peine de disparaître très vite. Et puis Steve Harris adore King Crimson, Genesis et Emerson, Lake and Palmer. Qu’est-ce qu’il y a de plus intemporel que le rock progressif ? Bon d’accord, c’est totalement arbitraire comme jugement. La Nouvelle Vague du Heavy Metal Anglais ? Oui Maiden en faisait partie, ils en étaient même le groupe le plus populaire. Que reste-t-il vraiment, exception notable de Saxon, de cette Nouvelle Vague aujourd’hui ? Def Leppard (j’ai un ami qu’ils ont recalé pour une audition de batteur, soi-disant qu’il, je cite, "jouait comme un manchot")? D’après Steve Harris ce n’était qu’un gimmick de journaliste et, sans pour autant la dénigrer, considérait que son groupe n’avait pas grand-chose à faire là-dedans.
Mick Wall s’attarde sur le rôle qu’a joué et joue encore Rod Smallwood, le manager, créateur de la boîte de management Sanctuary (d’après la chanson, on s’en doutait un peu). Personnage haut en couleur, fabuleux et intraitable négociateur, il est au moins aussi important que Steve Harris. Iron Maiden lui doit bien plus que le gimmick de journaliste déjà évoqué. Un exemple? C’est lui qui a repéré cette affiche de jazz illustrée par un certain Derek Riggs (qui cessera sa collaboration avec Maiden dès 1992), a demandé à le rencontrer et est tombé nez à nez avec cette créature qui allait être nommé Eddie The ’ead.
Mort-vivant omniprésent, figure paradoxale puisqu’elle est indissociable d’Iron Maiden mais aussi porteuse de contresens et d’idées reçues dans l’esprit du grand public vu la violence qu’elle inflige ou qu’elle subit au fil des pochettes et autres T-shirts, Eddie méritait bien aussi un chapitre à lui tout seul (j’aurais bien voulu insérer un lien vers un sketch des Robin des Bois où la Police du Goût découvre un T-shirt d’Iron Maiden caché sous un tapis. Hélas je n’ai pas réussi à trouver la vidéo en question). The Head était l’un des premiers gimmicks des concerts donnés par le groupe. Fixée au-dessus du batteur elle a d’abord craché de la fumée puis de l’hémoglobine aux dépens dudit batteur. Le prénom vient d’une blague que je connaissais déjà, l’ayant lu dans une interview fleuve dans la presse spécialisée à l’occasion, ça remonte, de la sortie du Best Of The Beast. Je peux citer le même genre de source en ce qui concerne l’anecdote, non mentionnée par Mick Wall, du visuel représentant la tête, hum sans le corps qui va avec, de Paul Di’Anno que le monstre tient par les cheveux. La toile, morbide private joke, pourtant unique et destinée à rester planquée, avait été écartée parce qu'elle coïncidait avec le départ du chanteur, et Steve Harris s’étonne ainsi qu’elle ait pu apparaître sur un bootleg sud-américain. La même chose sera reproduite de manière plus officielle avec un Bruce Dickinson empalé par Eddie et son trident sur la pochette d’"Hallowed be Thy Name", la version live de 1993. Punition un peu sévère pour avoir plus murmuré que chanté lors des derniers concerts, vous ne trouvez pas?
Mick Wall s’attarde sur le rôle qu’a joué et joue encore Rod Smallwood, le manager, créateur de la boîte de management Sanctuary (d’après la chanson, on s’en doutait un peu). Personnage haut en couleur, fabuleux et intraitable négociateur, il est au moins aussi important que Steve Harris. Iron Maiden lui doit bien plus que le gimmick de journaliste déjà évoqué. Un exemple? C’est lui qui a repéré cette affiche de jazz illustrée par un certain Derek Riggs (qui cessera sa collaboration avec Maiden dès 1992), a demandé à le rencontrer et est tombé nez à nez avec cette créature qui allait être nommé Eddie The ’ead.
Mort-vivant omniprésent, figure paradoxale puisqu’elle est indissociable d’Iron Maiden mais aussi porteuse de contresens et d’idées reçues dans l’esprit du grand public vu la violence qu’elle inflige ou qu’elle subit au fil des pochettes et autres T-shirts, Eddie méritait bien aussi un chapitre à lui tout seul (j’aurais bien voulu insérer un lien vers un sketch des Robin des Bois où la Police du Goût découvre un T-shirt d’Iron Maiden caché sous un tapis. Hélas je n’ai pas réussi à trouver la vidéo en question). The Head était l’un des premiers gimmicks des concerts donnés par le groupe. Fixée au-dessus du batteur elle a d’abord craché de la fumée puis de l’hémoglobine aux dépens dudit batteur. Le prénom vient d’une blague que je connaissais déjà, l’ayant lu dans une interview fleuve dans la presse spécialisée à l’occasion, ça remonte, de la sortie du Best Of The Beast. Je peux citer le même genre de source en ce qui concerne l’anecdote, non mentionnée par Mick Wall, du visuel représentant la tête, hum sans le corps qui va avec, de Paul Di’Anno que le monstre tient par les cheveux. La toile, morbide private joke, pourtant unique et destinée à rester planquée, avait été écartée parce qu'elle coïncidait avec le départ du chanteur, et Steve Harris s’étonne ainsi qu’elle ait pu apparaître sur un bootleg sud-américain. La même chose sera reproduite de manière plus officielle avec un Bruce Dickinson empalé par Eddie et son trident sur la pochette d’"Hallowed be Thy Name", la version live de 1993. Punition un peu sévère pour avoir plus murmuré que chanté lors des derniers concerts, vous ne trouvez pas?
Au fil de la lecture, chaque fan, quelque soit le degré de son addiction, trouvera quelque détail qu’il ignorait jusque là. Combien savent par exemple que Nicko est un surnom donné au batteur durant sa carrière pré-Maiden? Et combien encore en connaissent les circonstances?
Certainement la traduction d’une version augmentée de Run To The Hills. The Authorised Biography of Iron Maiden (parue initialement en 1998), L’épopée des Killers voit la plume de Mick Wall s’arrêter avec le chapitre 15, déjà retravaillé puisqu’il s’attarde sur le retour de Dickinson et Smith (qui n’a eu lieu qu’en 1999, je le rappelle). Les quatre derniers chapitres ne peuvent être considérés que comme une maladroite mise à jour, du bonus en totale incohérence dans le ton avec tout ce qui précède. Mais peu importe, ils ne sont pas sans intérêt, en témoigne notamment une dissection (non, pas celle d’Eddie, on nous a déjà fait le coup en 1995) des albums Brave New World et Dance Of Death. Et puis, on ne peut blâmer cette biographie d’être incomplète tant qu’Iron Maiden continue son p’tit bonhomme de chemin. Vous ne trouverez, très logiquement, aucune mention du dernier album en date ni de la tournée Flight 666 (ou comment un projet logistiquement dément a failli foirer à cause d’une balle de golf). Et, au fait, à quand le 15ème ?